Cette étude d’actualité, montre à quel point la pandémie de COVID-19 qui dure maintenant depuis plus d’un an a mis à rude épreuve la santé physique et mentale des infirmières. Les chercheurs de l'Ohio State University College of Nursing, outre d’alerter sur ces niveaux alarmants de stress et leurs conséquences sévères possibles chez les soignants, alertent sur l’association de ces symptômes dépressifs et d'anxiété et des erreurs médicales de plus en plus fréquentes, quoique évitables. L’étude, publiée dans l’American Journal of Critical Care, appelle à un soutien renforcé psychologique et matériel des personnels de santé.
Les infirmières en soins intensifs souffrent d’une santé physique et mentale dégradée et signalent, avec cette dégradation un nombre croissant d'erreurs médicales, par rapport à la fréquence habituellement constatée hors période d’urgence sanitaire ou par rapport à des infirmières en meilleure santé. L'étude révèle de plus que «les infirmières qui estiment que leur lieu de travail favorise leur bien-être, sont 2 fois plus susceptibles d'avoir une meilleure santé physique ».
Comprendre aussi les causes profondes qui mènent aux erreurs médicales
Les organisations de soins de santé doivent soutenir les personnels soignants mais également analyser et comprendre les causes des erreurs médicales afin de pouvoir les prévenir, relève l’auteur principal, Bernadette Melnyk, vice-présidente de la promotion de la santé, directrice du bien-être et doyenne du College of Nursing de l'Ohio State.
Cette méta-analyse d’études menées sur la prévalence des symptômes de stress, d'anxiété, de dépression et d'épuisement professionnel chez les infirmières en soins intensifs menées au total auprès de 800 infirmier(e)s membres de l'American Association of Critical-Care Nurses conclut, sans surprise, à une forte prévalence de l'épuisement professionnel et de problèmes de santé chez ce groupe de soignants particulièrement mis à l’épreuve. Parmi les principaux résultats de l'étude :
- 61% déclarent des problèmes de santé physique ;
- 51% des problèmes de santé mentale ;
- 40% ont été diagnostiqués avec des symptômes dépressifs ;
- plus de 50% avec des troubles anxieux ;
- les soignants ayant déclaré des problèmes de santé et de mauvais niveau de bien-être sont plus susceptibles, de 31% à 62% d’avoir commis des erreurs médicales ;
- les infirmier(e)s qui déclarent bénéficier d’un meilleur soutien au mieux-être dans leur établissement ont 2 fois plus de probabilité de déclarer simultanément une meilleure santé personnelle et une meilleure qualité de vie professionnelle que les soignants ne bénéficiant pas de soutien.
Des programmes de soutien « qui marchent » : l'Ohio State Wexner Medical Center a mis en œuvre, depuis cette étude, plusieurs programmes pour promouvoir le bien-être des cliniciens, soignants et médecins et propose en particulier, des ressources et des services de santé mentale confidentiels tels que des conseils, un coaching de pratique de la pleine conscience et une intervention spécifique « Stress, Trauma and Resilience » (STAR) dont la finalité est de renforcer les capacités d'adaptation et de résilience des équipes de soin.
Il est clair, soulignent les auteurs, que les niveaux de stress, d'anxiété et de dépression ont considérablement augmenté durant la pandémie. « L’implication de cette étude prend ainsi encore plus de sens pour les dirigeants hospitaliers et les décideurs : les infirmières en soins intensifs dont le bien-être est soutenu par leurs organisations sont plus susceptibles de s'engager pleinement dans les soins aux patients et de commettre moins d'erreurs médicales, ce qui se traduit par de meilleures qualité et sécurité des soins ».
Source : American Journal of Critical Care 1 May, 2021 DOI : 10.4037/ajcc2021301 Critical Care Nurses’ Physical and Mental Health, Worksite Wellness Support, and Medical Errors
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