Les personnels hospitaliers féminins, travaillant de nuit, ont un risque cardiaque accru selon cette étude présentée au Congrès canadien de cardiologie 2011, co-organisée par la Heart and Stroke Foundation et la Société canadienne de cardiologie. En synthèse, après plus de 15 années de travail posté, ces professionnelles du soin ont un risque accru de 74% de présenter un syndrome métabolique, annonciateur de maladie cardiaque.
L'étude du Dr Joan Tranmer a enquêté sur la connexion entre le travail posté de nuit et le risque de maladies cardiaques chez les personnels féminins de l'hôpital qui travaillent à la fois avec changement et non changement de rotations. Joan Tranmer est une ancienne infirmière, donc familiarisée avec le travail posté, elle s'est donc demandé si travailler de nuit avait des conséquences graves sur la santé de ses anciennes collaboratrices. «Comme je traversais l'hôpital et discutais avec mes collègues, j'ai été préoccupée par ce que je pouvais observer chez un grand nombre d'entre elles», drapporte-t-elle.
« Je ne savais pas si cela était lié au travail posté ou à d'autres aspects du travail à l'hôpital ». Son étude conforte son observation sur la santé des personnels féminins de l'hôpital. Menée auprès de 227 femmes âgées de 22 à 66 ans, œuvrant dans deux hôpitaux dans le sud de l'Ontario, non seulement infirmières, mais à toute une variété de postes, dont employées administratives, techniciennes de laboratoire, l'étude a examiné chacun des facteurs de risque possible associé au syndrome métabolique (Diagnostiqué sur la base de 5 indicateurs, obésité abdominale (tour de taille élevé), hypertension artérielle, glycémie élevée, taux élevés de triglycérides et faibles niveaux de lipoprotéines de haute densité (HDL ou bon cholestérol). Les participantes ont également rempli un questionnaire détaillé sur leurs antécédents de travail et de vie.
Au moins 3 indicateurs de maladie cardiaque chez 1 femme sur 5: Les conclusions suggèrent que,
· 17% avaient un syndrome métabolique, avec au moins 3 indicateurs identifiés.
· 38% avaient une pression artérielle élevée.
· 60% des participantes avaient un tour de taille supérieur à 80 cm. Or l'obésité abdominale est un prédicteur significatif du risque de développer une maladie cardiaque, un AVC, l'hypertension artérielle, une hypercholestérolémie ou le diabète de type 2. Plus le tour de taille est élevé, plus le risque de développer ces maladies l'est également.
· L'âge et le travail de nuit s'avèrent significativement associés à un risque accru.
Sont plus susceptibles d'avoir un syndrome métabolique:
· Les femmes de plus de 45 ans,
· les femmes ménopausées,
· celles qui avaient des antécédents de travail posté durant plus de six ans,
· celles qui travaillent 12 heures d'affilée ou plus ou par quarts de rotation.
Le syndrome métabolique est présent chez
· 8% en cas de travail de nuit par quarts durant moins de six ans,
· 18% en cas de travail de nuit par quarts durant 6 à 15 ans,
· 74% en cas de travail de nuit par quarts durant plus de 15 ans.
Le travail posté soulève donc des inquiétudes: « Il est possible que la perturbation des rythmes biologiques, du sommeil, de l'alimentation, de la pratique d'exercice peuvent être des facteurs. » Au Canada, une enquête sur l'équilibre travail-vie personnelle des travailleurs de nuit constaté que de longues heures de travail d'affilée sont associées au surmenage. Ces équipes de nuit sont plus susceptibles de réduire leurs heures de sommeil, de passer moins de temps avec leur conjoint, de s'inquiéter de ne pas passer assez de temps avec leur famille, comparativement aux femmes des équipes hospitalières de jour.
«Ces femmes travaillent si dur pour prendre soin des autres, mais elles ont besoin de prendre le temps de prendre soin de leur propre santé», conclut le Dr Tranmer.
Source: Heart and Stroke Foundation of Canada via Eurekalert “ Female shift workers may be at higher risk of heart disease » (Visuels Vanderbilt University)
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