Et si nous allions jusqu'à ignorer la douleur de ceux que nous n’aimons pas? Cette étude, publiée dans l’édition d’octobre de Pain, la revue de l’International Association for the study of pain (IASP) constate que les soignants ont en effet tendance à sous-estimer l'intensité de la douleur des patients qui leur sont antipathiques. Attention donc, si vous n’êtes pas sympathique, vous serez moins pris au sérieux par votre soignant ou votre médecin, si vous vous plaignez ou si vous êtes exposé à la douleur lors d’un soin.
Cette étude a été menée sur 40 participants, 17 hommes et 23 femmes, conditionnés en visionnant des photos de six patients différents, taggés avec des descriptions négatives allant d'« égoïste, hypocrite, ou arrogant », neutres « traditionnel, conventionnel, réservé) ou positives (honnête, sympathique…). Après ce processus de conditionnement, les participants ont du observer de courtes vidéos sur des patients subissant un examen en physiothérapie. Les 6 patients souffraient de douleurs à l'épaule. Après chaque vidéo, les participants ont été invités à évaluer la sévérité de la douleur des patients sur une échelle allant d'absence de douleur à douleur insupportable. Ensuite, les participants ont été invités à qualifier chaque patient sous l'angle négatif ou positif, désagréable ou agréable, et antipathique ou sympathique.
Moins de sensibilité à la douleur perçue chez des patients perçus de manière négative: Les auteurs constatent que les participants reportent dans leur propre jugement les descriptions des patients fournies lors du conditionnement et estiment comme moins intense la douleur ressentie par des patients antipathiques. D'une manière générale, ils sont moins sensibles à la douleur perçue chez des patients évalués de manière négative qu'à la douleur de patients évalués de manière positive. Il y a finalement une véritable discrimination de prise en compte de la douleur en fonction de la perception que l'on a du patient.
«Identifier les variables qui influencent l'estimation la douleur est essentiel puisque que l'évaluation de la douleur peut influencer d'autres soins cruciaux», commente l'auteur principal, le Pr. Liesbet Goubert, professeur adjoint de psychologie de la santé à l'Université de Gand (Belgique). «Nos résultats suggèrent que la douleur des patients « mal aimés » est moins pris au sérieux par les soignants ».
Source: Pain Volume 152, Issue 10 (October 2011) DOI: 10.1016/j.pain.2011.06.028 « When you dislike patients, pain is taken less seriously » (© 6sous – Fotolia.com)
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