Les infirmières surchargées commettent des erreurs évitables qui entraînent, immanquablement des infections nosocomiales, indépendamment de leur volonté, démontre cette étude de la Nursing School de l’Université de Pennsylvanie, soutenue par les National Institutes of Health (NIH). Ces conclusions et ces appréciations du risque, bien qu’américaines et publiées dans l’édition d’août de l’American Journal of Infection, mettent en garde contre les conséquences du burn out, et sur les personnels soignants et pour la sécurité des soins. Elles soulèvent des questions essentielles sur l'impact des niveaux de dotation en personnel sur les soins aux patients.
Cette étude américaine a examiné la relation entre le ratio infirmière/patients dans 161 hôpitaux de Pennsylvanie, leur sentiment de burn out, et le taux d'infections nosocomiales dans ces hôpitaux. S'il n'y a pas vraiment de définition précise et clinique du «burnout», cet état d'épuisement professionnel est décrit comme une combinaison d'épuisement émotionnel et de détachement, et le sentiment de ne pas « bien faire » dans son travail.
Les chercheurs constatent que pour chaque patient supplémentaire « attribué » à une infirmière, une infection nosocomiale supplémentaire se produit sur 1.000 patients. Si l'analyse ne prouve pas la relation de causalité et si ce taux d'infections nosocomiales peut être le résultat de facteurs complexes, elle montre bien l'évolution de l'incidence des infections urinaires et du site opératoire, associées à la pose d'un du cathéter, soit 2 des infections nosocomiales les plus courantes et le personnel infirmier.
Les chercheurs ont réuni des données couvrant plus de 7.000 infirmières de 161 hôpitaux pour déterminer leur niveau d'épuisement professionnel, ont tenu compte de leur âge, du nombre d'années l'expérience, des protocoles de l'hôpital effectué, du nombre de patients…Ont calculé le nombre d'infections qui pourraient être évitées et les économies possibles si cet épuisement professionnel pouvait être réduit.
· Plus d'un tiers des infirmières ont rempli les critères liés à l'épuisement professionnel,
· chaque infirmière avait en charge, en moyenne, 5,7 patients,
· pour 1000 patients, le taux d'incidence est de 9 infections urinaires et 5 du site opératoire causées par cathéter,
· pour chaque patient supplémentaire attribué à une infirmière, il y avait une infection urinaire supplémentaire et une infection du site opératoire pour 1.000 patients,
· chaque augmentation de 10% d'infirmières supplémentaires touchées par l'épuisement professionnel, entraine une infection urinaire et 2 infections du site opératoire /1.000 patients,
· lorsque l'épuisement professionnel et la dotation en personnel sont examinés ensemble, l'effet de dotation n'est plus significative après ajustement pour épuisement professionnel, ce qui signifie que les différences de taux d'infection peuvent être attribués à l'épuisement des infirmières. Mais comme cet épuisement est lié au nombre d'infirmières….
Améliorer la dotation en personnel infirmier et d'autres conditions de travail : Une réduction de 10% des taux d'épuisement professionnel des infirmières permettrait d'éviter environ 4.160 infections et sauver 41 millions de dollars chaque année, dans le seul état de Pennsylvanie. La conclusion des auteurs est simple, ils encouragent les établissements de santé à améliorer la dotation en personnel infirmier et d'autres facteurs de l'environnement de travail, de nature à réduire l'épuisement professionnel chez les infirmières. Une telle politique, concluent-ils serait moins coûteuse que la prise en charge des infections directement liées à l'épuisement des personnels infirmiers.
Source: American Journal of Infection Control Published online July 29 2012 doi:10.1016/j.ajic.2012.02.029 Nurse staffing, burnout, and health care–associated infection (Visuels NHS)
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