Ces nouvelles lignes directrices publiées par l’Infectious Diseases Society of America (IDSA) insistent sur l’importance d’une approche multidisciplinaire pour la prise en charge du pied diabétique, une des causes les plus fréquentes d’amputation des membres inférieurs. Car un patient à pied diabétique amputé a 50% de risque de décès. De nouvelles recommandations publiées dans l’édition de mai de la revue Clinical Infectious Diseases.
Car les complications du pied diabétique sont fréquentes et la moitié de tous les patients atteints devront subir une amputation. Pourtant, la plupart des amputations pourraient être évitées avec les soins appropriés des infections du pied diabétique et grâce à une approche multidisciplinaire menée en collaboration par des spécialistes des maladies infectieuses, les podologues, les chirurgiens orthopédistes, les infirmiers et les nutritionnistes aussi.
Les traitements non conformes des plaies du pied infecté chez les patients diabétiques peuvent mener à l’amputation des membres inférieurs et 50% des patients amputés risquent le décès dans les 5 ans, soit un taux de mortalité bien supérieur à celui constaté pour la plupart des cancers. Cependant la moitié des amputations des membres inférieurs pourraient être évitées grâce à des soins appropriés des infections du pied, selon ces nouvelles lignes directrices de l’IDSA.
L’infection peut se propager, à la fois dans les tissus mous et les os : Les patients diabétiques ont souvent une mauvaise circulation sanguine et une plaie causée par le frottement d’une chaussure ou une coupure peut passer inaperçue et s’aggraver. Une personne sur 4 atteintes de diabète aura un ulcère du pied dans sa vie, une plaie à risque élevé d’infection. Sans contrôle, l’infection peut se propager, à la fois dans les tissus mous et les os. Les tissus infectés doivent être enlevés chirurgicalement ce qui peut, dans les cas graves entraîner l’amputation de l’orteil, du pied, ou même d’une partie de la jambe. Près de 80% de toutes les amputations non traumatiques surviennent chez des personnes atteintes de diabète et 85% font suite à un ulcère au pied.
La prévention des amputations est vitale : Le Dr Benjamin A. Lipsky, auteur principal des lignes directrices et professeur de médecine à l’Université de Washington explique : «Les patients qui ont subi une amputation du pied sont handicapés, dans la vie sociale comme professionnelle, peuvent souffrir de dépression, et sont à risque significatif de seconde amputation. La prévention des amputations est vitale, et dans la plupart des cas, possible ».
Les lignes directrices soulignent l’exigence d’un traitement rapide pour le traitement des plaies infectées sur les pieds, dont la détersion, une antibiothérapie appropriée et, si nécessaire, un t de la plaie par pression négative (TPN) après avoir essayé les traitements conventionnels et/ou un traitement de la maladie artérielle. Or de nombreux patients atteints d’infections n’obtiennent qu’un traitement antibiotique, parfois mal adapté, sans soins satisfaisant de la plaie et sans intervention chirurgicale alors que nécessaire, soulignent les auteurs.
Une approche multidisciplinaire : Parce que le traitement des infections du pied diabétique peut être compliqué, la meilleure approche est d’envisager une prise en charge multidisciplinaire habilitée à traiter les différents aspects du problème, suggèrent les lignes directrices.
Des directives en 10 étapes : Les nouvelles lignes directrices sont structurées en 10 questions/étapes les plus courantes. La première étape consiste à déterminer si la plaie est infectée : La moitié des ulcères ne sont pas infectés et ne devraient donc pas être traités avec des antibiotiques, font remarquer les lignes directrices. Les personnes présentant une infection doivent recevoir un traitement antibiotique et en cas d’infection sévère doivent être hospitalisées immédiatement. Lorsqu’une plaie du pied est infectée, l’imagerie du pied est habituellement nécessaire pour déterminer s’il y a infection de l’os. Une culture de la plaie permettra d’identifier les bactéries responsables et de préciser le traitement. En raison de la complexité des infections du pied diabétique, les lignes directrices insistent encore sur la prise en charge par une équipe multidisciplinaire, dont des spécialistes des maladies infectieuses, les podologues, chirurgiens et orthopédistes.
La prescription inappropriée d’antibiotiques est courante pour les plaies du pied diabétique, ce qui entraîne aussi le développement d’antibio-résistances, explique le Dr Warren S. Joseph, co-auteur de ces recommandations (Roxborough Memorial Hospital, Philadelphie). « Les directives soulignent que lorsque les antibiotiques sont nécessaires, ils doivent être arrêtés dès que l’infection a disparu, même si la plaie n’est pas totalement cicatrisée. »
Source: IDSA, Clinical Infectious Diseases (2012) 54(12): e132-e173 doi:10.1093/cid/cis346 « 2012 Infectious Diseases Society of America Clinical Practice Guideline for the Diagnosis and Treatment of Diabetic Foot Infections” (Visuel Hartmann)
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